Letter to Monsieur Lux from Georges Wolff, June 4, 1945
Item
Title
Letter to Monsieur Lux from Georges Wolff, June 4, 1945
Subject
Description
Letter, written in French, to Monsieur Lux sent by Georges Wolff (1917- ) mentioning Jean-Paul Wolff (1915- ) and German occupation.
Creator
Source
Mss. A L668, Folder 7, Levy-Wolff Family Papers, The Filson Historical Society, Louisville, Kentucky
Date
Rights
Format
Language
Type
Identifier
Mss. A L668 Folder 07 Item 02
Text
Monsieur LUX chef du sequestre des biens spoliés Direction des Domaines 56, allée de la Robertsau STRASBOURG ============= Bas-Rhin
GW/EM
le 4 juin 1945
Mon cher Lux,
L'en-tête de ce papier à lettre ne te dira pas grand'chose et avant que tu ne coures à la signature je t'indiques que c'est ton camarade de Faculté Georges Wolff qui t'écrit. J'ai appris en effet par le plus grand des hasards que tu étais devenu une huile lourde des domaines en général et du sequestre en particulier.
J'aime à croire que tu as passé, toi et les tiens, sans trop d'encombre les années tragiques de l'occupation ennemie de notre pays. Je sais par quel calvaire les Alsaciens fidèles dans leur coeur aux idéaux de la vraie civilisation ont passé.
Moi même j'ai pu échapper à la Gestapo grâce à des ruses de Sioux et malgré les conditions que tu connais et que tu imagines, j'ai travaillé durement mais honnêtement pour gagner ma vie comme j'y étaus d'ailleurs contraint après les éévènements de juin 1940.
Ma mère est morte dès après ces évènements et certainement à cause d'eux, mon père l'a suivie de six mois dans la tombe, un de mes frères, Jean-Paul, que tu as peut être connu au lycée Fustel de Coulanges et qui était médecin a été pris par les Allemands dès 1941 et déporté. Jusqu'à ce jour je ne sais rien d'autre de lui sinon qu'il a été au camp d'Auschwitz.
Malgré la législation raciale j'ai pu accéder au poste de secrétaire de la Rédaction du Journal de la Marine marchande poste que j'occupe toujours encore à Largentière ou cette revue s'était repliée et que j'occuperai à Paris à partir du mois d'octobre.
En raison de mes fonctions il m'est très difficile de m'absenter et je ne puis les résigner car, comme tout le monde,
je suis obligé de gagner ma vie.
Or il est temps que je commence à m'occuper un peu des affaires des miens laissées en Alsace au lendemain de l'évacuation de septembre 1939.
Tu me rendrais donc un très grand service si tu me faisais connaitre si possible le sort des meubles qui garnissaient notre appartement situé au 8 de la rue Wencker à Strasbourg et dont le propriétaire était mon père, M. Arthur Wolff.
Je me suis laissé dire que l'administration du sequestre éta était en mesure de fournir une liste des acquéreurs des meubles pris dans les appartements juifs. Même su cette liste était incomplète, elle me permettrait de récupérer peut être quelques souvenirs de famille et je te serais très obligé de me la faire tenir dès que possible.
Il en est de même pour les meubles de ma tante, Mme Vve Henriette Cerf, 20, rue des Pontonniers (Esca) personne de près de 80 ans, actuellemnt aus Etats-Unis et dont mes frères et moi sommes la seule famille.
Quant à notre terrain et chantier situé 12 rue Schertz à la Meinau, ils sont occupés par un nommé Loll René, fabriquant de limes. Je n'ai nullement l'intention de faire sortir ce monsieur des lieux et suis en voie d'arrangements amiable avec lui. Ni le terrain ne les installations ne lui ont été vendue il est locataire. Au lieu de verser les loyers au sequestre i il les versera à moi en tant que mandataire de mes frères. C'est extrêmement simple et je crois que ton administration serait très heureuse si toutes les affaires dont elle est saisie se résolvaient aussi rapidement.
Mon cher Lux, je m'excuse de faire appel à ton amabilité avec autant de désinvolture mais je sais que tu ne m'en voudras pas et que je pourrais compter sur toi car, connaissant ta formation et tes convictions, je sais dans quel esprit tu travailles.
Dès mon prochain passage à Strasbourg, au mois d'aout je pens je viendrai te voir et nous aurons certainement une longue et interessante conversation.
En attendant, et avec mes remerciements anticipés, je te prie de croire, mon cher Lux, à mes sentiments amicaux et sincères.
Georges WOLFF
GW/EM
le 4 juin 1945
Mon cher Lux,
L'en-tête de ce papier à lettre ne te dira pas grand'chose et avant que tu ne coures à la signature je t'indiques que c'est ton camarade de Faculté Georges Wolff qui t'écrit. J'ai appris en effet par le plus grand des hasards que tu étais devenu une huile lourde des domaines en général et du sequestre en particulier.
J'aime à croire que tu as passé, toi et les tiens, sans trop d'encombre les années tragiques de l'occupation ennemie de notre pays. Je sais par quel calvaire les Alsaciens fidèles dans leur coeur aux idéaux de la vraie civilisation ont passé.
Moi même j'ai pu échapper à la Gestapo grâce à des ruses de Sioux et malgré les conditions que tu connais et que tu imagines, j'ai travaillé durement mais honnêtement pour gagner ma vie comme j'y étaus d'ailleurs contraint après les éévènements de juin 1940.
Ma mère est morte dès après ces évènements et certainement à cause d'eux, mon père l'a suivie de six mois dans la tombe, un de mes frères, Jean-Paul, que tu as peut être connu au lycée Fustel de Coulanges et qui était médecin a été pris par les Allemands dès 1941 et déporté. Jusqu'à ce jour je ne sais rien d'autre de lui sinon qu'il a été au camp d'Auschwitz.
Malgré la législation raciale j'ai pu accéder au poste de secrétaire de la Rédaction du Journal de la Marine marchande poste que j'occupe toujours encore à Largentière ou cette revue s'était repliée et que j'occuperai à Paris à partir du mois d'octobre.
En raison de mes fonctions il m'est très difficile de m'absenter et je ne puis les résigner car, comme tout le monde,
je suis obligé de gagner ma vie.
Or il est temps que je commence à m'occuper un peu des affaires des miens laissées en Alsace au lendemain de l'évacuation de septembre 1939.
Tu me rendrais donc un très grand service si tu me faisais connaitre si possible le sort des meubles qui garnissaient notre appartement situé au 8 de la rue Wencker à Strasbourg et dont le propriétaire était mon père, M. Arthur Wolff.
Je me suis laissé dire que l'administration du sequestre éta était en mesure de fournir une liste des acquéreurs des meubles pris dans les appartements juifs. Même su cette liste était incomplète, elle me permettrait de récupérer peut être quelques souvenirs de famille et je te serais très obligé de me la faire tenir dès que possible.
Il en est de même pour les meubles de ma tante, Mme Vve Henriette Cerf, 20, rue des Pontonniers (Esca) personne de près de 80 ans, actuellemnt aus Etats-Unis et dont mes frères et moi sommes la seule famille.
Quant à notre terrain et chantier situé 12 rue Schertz à la Meinau, ils sont occupés par un nommé Loll René, fabriquant de limes. Je n'ai nullement l'intention de faire sortir ce monsieur des lieux et suis en voie d'arrangements amiable avec lui. Ni le terrain ne les installations ne lui ont été vendue il est locataire. Au lieu de verser les loyers au sequestre i il les versera à moi en tant que mandataire de mes frères. C'est extrêmement simple et je crois que ton administration serait très heureuse si toutes les affaires dont elle est saisie se résolvaient aussi rapidement.
Mon cher Lux, je m'excuse de faire appel à ton amabilité avec autant de désinvolture mais je sais que tu ne m'en voudras pas et que je pourrais compter sur toi car, connaissant ta formation et tes convictions, je sais dans quel esprit tu travailles.
Dès mon prochain passage à Strasbourg, au mois d'aout je pens je viendrai te voir et nous aurons certainement une longue et interessante conversation.
En attendant, et avec mes remerciements anticipés, je te prie de croire, mon cher Lux, à mes sentiments amicaux et sincères.
Georges WOLFF
Citation
Wolff, Georges, 1917-1991, “Letter to Monsieur Lux from Georges Wolff, June 4, 1945,” The Filson Historical Society Digital Projects, accessed July 8, 2025, https://filsonhistorical.omeka.net/items/show/7040.
Geolocation
Embed
Copy the code below into your web page